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Le Chantemer ne chantera plus

Le Chantemer ne chantera plus

Le Chantemer ne chantera plus

L’œil d’Irma passe sur Saint-Martin. Un mur de pluie. Des vents soutenus à trois-cents kilomètres par heure et des rafales tellement fortes qu’elles n’ont pu être mesurées. Dans un sens, puis dans la direction opposée…

On nous l’avait dit : pas grand-chose ne résiste à un ouragan majeur. Irma est d’une puissance jamais enregistrée dans l’Atlantique. Sa trajectoire traverse l’ile où le Chantemer est amarré depuis deux ans, en attendant un acquéreur. Confortablement installée dans notre maison à Montréal, je garde en tête que le Chantemer n’était plus qu’un bateau vide. Je pense à tous les gens là-bas, et à tous leurs proches qui n’ont pas de nouvelles.

Je ne suis ni triste ni en colère. Résignée. Nous n’avions jamais sous-estimé le risque de laisser notre navire dans une zone exposée aux ouragans. Pourtant, les chances qu’un tel phénomène se déchaine à endroit précis étaient très faibles. Durant les trois saisons précédentes, le Chantemer n’a pas eu à affronter des vents de plus de soixante-cinq kilomètres par heure. Cette catastrophe aurait pu arriver dès le premier été de notre périple. Nous aurions alors fait face au traumatisme de vivre cet enfer et à la fin prématurée de nos aventures. Avec la perte de notre voilier, la dernière porte de notre fabuleux voyage vient de se fermer.

Et quel voyage ! Avec nos enfants de neuf et dix ans, nous avons sillonné les Bahamas et les Caraïbes durant quinze mois sur un catamaran de douze mètres par six. Cela fait maintenant deux ans que nous sommes rentrés, mais les souvenirs sont bien ancrés. Mon corps se rappelle la caresse du vent tiède et le bercement parfois excessif des vagues. J’ai le gout en bouche de l’eau de mer et des sushis cuisinés avec la pêche du jour. Dès que mes yeux se ferment, je revois les poissons multicolores et les couchers de soleil magiques. Cependant, en route ou en escale, cette vie était loin d’être idyllique.

La première fois que mon amoureux m’a parlé de ce projet fou, j’ai paniqué. Et les pirates ? Et les tempêtes ? Et si l’on s’ennuie ? Quelques lectures ont suffi à me rassurer et à me donner l’envie de le suivre jusqu’au bout du monde. Pour me sentir vivre. Vivre au présent. Pour passer du temps avec les enfants avant l’adolescence. Pour voyager, aussi : découvrir des paysages et des gens, apprendre d’autres façons de voir les choses. Pour changer de perspectives, au sens littéral comme au figuré.

Nous sommes partis de Floride sur un bateau acheté quelques mois auparavant. Nous avions des centaines d’heures de cours théorique de toutes sortes dans la tête, mais une expérience de navigation quasi inexistante. Nous sommes partis en pleine période des ouragans, face aux courants dominants et aux vents alizés. Contre vents et marées. Nous sommes partis avec confiance dans notre capacité à surmonter les défis, à nous adapter, à trouver des solutions aux innombrables problèmes que nous rencontrerions inévitablement. Nous sommes partis en ayant conscience qu’on ne peut jamais être véritablement préparé pour un tel projet. Attendre d’être prêts, c’est prendre le risque de ne jamais partir.

Nous étions en voyage, pas en vacances. Les journées étaient remplies de corvées, de promenades et de visites, de réparations de tout genre, de baignades et d’activités nautiques, de longues heures d’école qui nous clouaient à bord. Les journées passaient vite et défilaient lentement. Le temps n’était pas linéaire ni distendu. Il était suspendu.

L’adaptation à cette vie de nomades a été rapide et naturelle. Vivre en famille sur un bateau, c’est avant tout rester vingt-quatre heures par jour ensemble. Contre toute attente, plus la croisière avançait et plus cette proximité était facile. C’est certainement ce qui me manque le plus depuis notre retour. Ne plus être là pour répondre aux enfants dès qu’une question franchit leurs lèvres. Ne plus être la témoin passive de mille-et-un jeux qu’ils s’inventaient avec les moyens du bord. Ne plus saisir les occasions de leur raconter les bêtises de ma jeunesse.

En moyenne, nous avons navigué trois heures par jour. Mais une moyenne ne veut pas dire grand-chose. Nous sommes restés parfois plusieurs semaines à la même place, et nous avons passé jusqu’à trois jours et trois nuits sans escales. Malgré la fatigue qui s’accumulait, j’aimais faire route dans la noirceur. Malchance ou pas, il n’y avait quasiment pas de lune. Elle se résumait à un cil jaunâtre, presque horizontal. Un sourire énigmatique insuffisant pour éclairer la houle. Au poste de pilotage, j’étais alors seule avec les éléments : le vent qui sifflait dans les voiles, les vagues qui tapaient sur les coques, les étoiles innombrables qui brillaient dans le ciel, les particules biophosphorescentes qui illuminaient notre sillage.

Les traversées étaient également une opportunité de pêcher. Cette activité ne m’a jamais vraiment attiré, mais quel plaisir j’ai eu à nettoyer les poissons! Je suis sérieuse : je tripe quand j’étripe. Je suppose que cela renvoie au besoin fondamental de nourrir les siens. C’est comparable à la satisfaction de cuisiner les légumes de son jardin, l’adrénaline de la mise à mort en plus. Les gars, eux, étaient tout excités à la perspective de remonter les proies à bord. Le « dzzz » de la ligne de pêche qui se déroule a toujours été le coup d’envoi de minutes plus ou moins longues de plaisir pour chacun.

Nous étions en voyage, pas en vacances. Lors de notre préparation minutieuse et incomplète, nous avions vraiment sous-estimé l’omniprésence du stress. Stress dû à la navigation : même avec l’expérience acquise au fil de l’eau, certains passages restaient délicats. Stress de tomber en panne au mauvais moment et d’être en danger : les défaillances mécaniques et électriques ont été si nombreuses. Stress d’être à l’ancre la nuit : de déraper au gré d’un coup de vent ou d’être percuté par un bateau moins bien accroché. Stress d’être toujours dans l’inconnu : où débarquer, comment se comporter avec les locaux, comment se connecter à internet ? Stress des ouragans : quelle idée de passer deux saisons dans des régions exposées ! Mais le Chantemer a si bien chanté que la mer nous a épargnés.

Au-delà de ces stress quotidiens, nous avons eu notre lot de frayeurs. Trois semaines après le départ, nous avons vu une trombe d’eau se former à quelques centaines de mètres du Chantemer. Je dis quelques centaines de mètres, mais c’était peut-être plusieurs kilomètres. Comment évaluer une distance avec l’horizon comme seul repère ? Je n’arrivais même pas à déterminer la direction que prenait la trombe. Nous étions coincés dans une crique et nulle part où nous mettre à l’abri. Ce n’est qu’au bout d’une demi-heure que j’ai acquis la certitude que nous serions épargnés. C’est long, trente minutes à regarder une colonne se former, se dissiper, et se reformer. C’est dans l’action que je gère mon stress, mais là, je ne pouvais rien faire. Des histoires comme celle-là, j’en ai des dizaines à raconter.

En revanche, la sécurité n’a jamais été un problème. Ni à bord ni à terre. Même dans les endroits à la réputation douteuse, nous avons fini par ne plus nous barricader la nuit. Il faut bien vivre. Et puis, dans la région où nous étions, les crimes violents ne sont pas plus fréquents qu’à Montréal. C’est souvent ce qu’on ne connait pas qui fait peur, et cette peur-là, nous l’avons rapidement apprivoisée.

Nous étions en voyage, pas en vacances. Nous avions le temps. Le temps de voir. Le temps d’écouter. Le temps de nous arrêter. Un rien suffisait à transformer une simple promenade en aventure épique. La première fois que nous nous sommes retrouvés nez à nez avec un requin-nourrice, l’eau était très trouble. D’un seul coup, nous avons aperçu un mastodonte de deux mètres de long posé sur le fond, immobile. Il était si proche que nous aurions pu le toucher. Nous l’avons contourné avec prudence, prenant garde de ne pas le déranger. Avait-il seulement remarqué notre présence ? Ce n’est que bien plus tard que j’ai appris que ces squales ne mangent que de petites proies aspirées dans le sable, qu’ils ne chassent pas et qu’ils n’attaquent donc jamais les humains.

C’est aussi la qualité des rencontres qui faisait la différence. À mon premier regard, à son premier sourire, j’ai su que Rose était une femme exceptionnelle. Son histoire me l’a confirmé. Être la première boxeuse professionnelle des Bahamas, ce n’est pas banal. Mettre ses enfants à la porte pour les obliger à se prendre en main, ça demande beaucoup de courage. Il y a eu aussi Rémi et Josselin, deux jeunes bateaustoppeurs à la fois si rêveurs et si réalistes. Et tous les autres, marins ou locaux, que nous avons croisés et qui ont enrichi mon regard sur les humains.

À chaque instant, je me suis sentie hors de l’ordinaire et hors du temps, mais intensément dans le présent. Et puis, nous sommes rentrés plus tôt que nécessaire. Parce que mon amoureux vivait plus de stress que de plaisirs. Parce que les enfants avaient hâte de retrouver leurs amis. Continuer seule n’aurait eu aucun sens. Retour choisi et en douceur. Retour avec un bilan mitigé, mais loin d’être négatif.

Aujourd’hui, je suis la même qu’avant le départ. Juste un peu plus ouverte, un peu moins ignorante. Vaincu par Irma, le Chantemer ne chantera plus. Mais la mélodie du vent dans les voiles résonnera à jamais dans mes souvenirs.

Découvrez le récit complet de nos aventures!

v

J'ai écrit ce texte parce que...

La destruction du Chantemer par Irma est postérieure à la première édition de notre livre. C’est pourtant le véritable point final de notre aventure.

Photo du catamaran Chantemer

Le Chantemer ne chantera plus

L’œil d’Irma passe sur Saint-Martin. Un mur de pluie. Des vents soutenus à trois-cents kilomètres par heure et des rafales tellement fortes qu’elles n’ont pu être mesurées. Dans un sens, puis dans la direction opposée…

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Rédiger le rapport annuel d’un organisme communautaire

Malgré son caractère très administratif, le rapport annuel est un document aux multiples facettes qui mérite toute votre attention.

Photo d'une femme qui allaite

L’allaitement dans le cadre de la santé génésique

C’est à travers une émission de télévision que j’entends parler de « santé génésique » pour la première fois. Cette appellation me séduit immédiatement par son caractère global. Que signifie-t-elle exactement?

Raphaëlle

Raphaëlle

Ingénieure de formation, coordonnatrice d’organismes communautaires, cogérante d’entreprise, webmestre, autrice, graphiste, pianiste débutante... Mes champs de compétences sont aussi variés que ma curiosité et ma soif d’apprendre.

Rédiger le rapport annuel d’un organisme communautaire

Rédiger le rapport annuel d’un organisme communautaire

Rédiger le rapport annuel d’un organisme communautaire

Pour un organisme sans but lucratif (OSBL), le rapport annuel est souvent vu comme « un gros morceau », dans une période de l’année toujours très occupée. Or, malgré son caractère très administratif, c’est un document aux multiples facettes qui mérite toute votre attention.

Avant de commencer à écrire, qu’il s’agisse d’un article comme celui-ci, d’un roman ou d’un rapport, il y a deux questions fondamentales à se poser :

Qui seront les lecteurs?

Quel est l’objectif du message?

Au départ, le rapport annuel est un document légal, que le conseil d’administration (C. A.) doit soumettre aux membres lors de l’assemblée générale annuelle (AGA). Il contient au moins deux parties : le bilan des activités et le rapport financier. C’est sur cet ouvrage et l’exposé que le C. A. en fera que les membres jugeront le travail des administratrices et des administrateurs et décideront, ou non, de les réélire. En pratique, ce document est également utilisé dans la reddition de compte, pour présenter en détail l’association à des membres potentiels (en particulier pour le renouvèlement du C. A.), pour accompagner de nouvelles demandes de financement, etc. Enfin, bien rédigé, le rapport annuel est une pièce maitresse dans les archives de l’organisme.

Pourquoi ne pas concevoir trois documents différents visant chacune de ces catégories? Parce que de nombreux éléments se recoupent et que les ressources humaines sont toujours limitées. C’est plus efficace de consacrer son énergie sur un seul rapport, complet et bien présenté. Dans les faits, les exigences des uns sont souvent des informations pertinentes pour les autres. Par exemple, la Loi sur les compagnies du Québec n’oblige pas à calculer le nombre d’heures de bénévolat, mais cette information est demandée dans les redditions de comptes des subventions pour les organismes communautaires. À bien y regarder, le C. A. a tout intérêt à partager ces données avec les membres pour maintenir le sentiment d’appartenance si important dans la rétention des bénévoles. « J’ai contribué à atteindre ce résultat, mon travail a fait une différence. » Ce choix amène cependant une difficulté supplémentaire : l’organisation du document devient alors essentielle pour que, quelle que soit l’information cherchée, elle soit rapidement trouvée.

Avant de trier les données en sections et chapitres, il faut sélectionner – trouver – les informations. La tentation est souvent grande d’inclure les activités comprises entre les deux AGA, il faut y résister. D’une part, il peut se produire des évènements importants entre la fin de la rédaction et la prochaine AGA (le document ne sera jamais à jour). D’autre part, les activités doivent pouvoir être corrélées avec le rapport financier, la période couverte doit donc être la même. La meilleure source d’informations est l’ensemble des procès-verbaux et des comptes-rendus de réunions de l’exercice. Une lecture attentive des exigences des subventionnaires actuels et potentiels est également inspirante et peut vous rappeler une foule de détails qui se sont déroulés au cours des premiers mois.

La première partie du document devrait comporter une présentation et un portrait de l’association : mission, constitution, nombre de membre, permanence, comités, etc.

Pour l’organisation des activités, je privilégie toujours la transparence en facilitant la comparaison entre le rapport d’activité, le plan d’action, le rapport financier et le budget. Pour cela, il faut regrouper les informations selon la même logique et le même ordre dans ces quatre volets. Tout comme le rapport d’activité, les états financiers doivent donner un portrait de votre association. C’est à vous de transmettre au comptable le niveau de regroupement ou de détail qui vous servira le mieux. C’est vous qui connaissez votre organisme, pas votre comptable. Si vous faites la comptabilité par projet, vous pouvez ajouter ces données au bilan et à l’état des résultats.

Enfin, ne vous limitez pas aux faits. Donnez son plein potentiel à ce document en y ajoutant le contexte politique ou social, les défis particuliers que vous avez à relever. Commentez le rapport financier et le budget. Mettez en évidence les liens entre les activités et vos fondements : mission-vision-valeurs. Soignez également le style, les illustrations et la présentation. Un diaporama, c’est un excellent outil pour un exposé. Utilisé comme documentation écrite, il y a soit trop de texte à l’écran, soit pas assez d’information sur papier. La reliure à moins d’importance, puisque les documents sont de plus en plus envoyés uniquement en version électronique.

Rédiger un rapport annuel n’est pas une corvée. C’est une tâche gratifiante, car elle permet de prendre conscience de l’ampleur des réalisations, de la progression de l’association, et surtout, de mesurer les résultats sur le terrain.

Soyez fières et fiers du travail accompli, soyez fières et fiers du rapport annuel de votre organisme communautaire. La fierté, c’est contagieux. C’est une excellente façon de rallier des gens à la cause qui vous tient à cœur.

Je ne prends plus de contrat pour la rédaction de rapport annuel, mais je peux vous diriger vers d’autres ressources. Contactez-moi ! 

Ce texte est libre de droits, mais son autrice et le site de référence (www.RaphaPetitjean.com) doivent être cités.

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J'ai écrit ce texte parce que...

J’ai vu trop souvent des rapports annuels qui ne représentaient pas le travail formidable fait par l’ensemble de l’équipe de l’organisme qu’il présente.

Photo du catamaran Chantemer

Le Chantemer ne chantera plus

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Malgré son caractère très administratif, le rapport annuel est un document aux multiples facettes qui mérite toute votre attention.

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L’allaitement dans le cadre de la santé génésique

C’est à travers une émission de télévision que j’entends parler de « santé génésique » pour la première fois. Cette appellation me séduit immédiatement par son caractère global. Que signifie-t-elle exactement?

Raphaëlle

Raphaëlle

Ingénieure de formation, coordonnatrice d’organismes communautaires, cogérante d’entreprise, webmestre, autrice, graphiste, pianiste débutante... Mes champs de compétences sont aussi variés que ma curiosité et ma soif d’apprendre.

L’allaitement dans le cadre de la santé génésique

L’allaitement dans le cadre de la santé génésique

L’allaitement dans le cadre de la santé génésique

C’est à travers une émission de télévision que j’entends parler de « santé génésique » pour la première fois. Cette appellation me séduit immédiatement par son caractère global. Que signifie-t-elle exactement? Englobe-t-elle l’allaitement, domaine dans lequel j’évolue depuis plus d’une décennie? Qui utilise cette expression, depuis quand?

« Santé génésique » est en fait un synonyme de « santé reproductive ». La santé reproductive s’intéresse aux mécanismes de la procréation et au fonctionnement de l’appareil reproducteur à tous les stades de la vie, selon la définition adoptée en 1994 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) lors de la Conférence internationale sur la population et le développement du Caire (Égypte).

Cette définition s’inscrit dans la cadre large de la santé telle qu’elle est définie par l’OMS, c’est-à-dire par un état de complet bienêtre physique, mental et social, et qui ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. Cette même définition est appliquée à la santé génésique dans un rapport publié en 2004 par le secrétariat de l’Organisation des Nations Unies (ONU).

Dans une chronique publiée par l’OMS en 2002, Kwasi Odoi-Agyarko définit la santé génésique comme « un mariage entre les sciences sociales et médicales, parce qu’elle affecte tout le monde. […] Elle affecte la vie des gens, leurs conditions économiques, l’éducation, l’emploi, les conditions de vie, l’environnement familial, les relations sociales entre les hommes et les femmes ainsi que les structures traditionnelles et juridiques où ils vivent, et elle est affectée par ceux-ci. » Cette globalisation définit également les environnements de l’allaitement. Mais l’allaitement fait-il partie de la santé génésique?

Plusieurs bibliothèques classent l’allaitement dans la santé génésique, dont celle de l’OMS et celle du Réseau canadien pour la santé de femmes. Par contre, dans les différents textes que j’ai lus, l’allaitement n’est pas présenté comme une partie de la santé génésique, mais comme un outil, par exemple pour l’espacement des naissances ou pour la prévention de la transmission du VIH. La reproduction s’arrête-t-elle à l’accouchement? D’un point de vue anatomique, l’appareil reproducteur féminin n’inclut pas les seins. Pourtant, la première tétée a fait intégralement partie de mes accouchements et je sais que de nombreuses autres femmes partagent cette expérience. Et puis, il n’y a pas si longtemps, l’humain ne pouvait pas se reproduire sans l’allaitement, comme pour tous les mammifères.

Une fois de plus, l’allaitement touche tellement d’aspects qu’il déborde largement le domaine de la santé génésique, de même qu’il ne peut être réduit à un mode d’alimentation ou a un soin maternel.

Mais au fait, cette expression est-elle courante au Québec? Curieusement, elle est bien plus utilisée par Santé Canada (depuis au moins 2000) et par la Santé publique de l’Ontario que par les organismes québécois. Je n’ai trouvé aucune trace de l’adjectif « génésique » dans les publications du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec. Je n’ai pas non plus vu d’équivalent anglophone, l’OMS utilisant l’expression « reproductive health », traduction littérale de « santé reproductive ».

Je n’ai pas découvert l’origine exacte de cette expression. Je n’ai pas non plus trouvé de textes antérieurs à l’an 2000 qui l’utilise. Même si je suis déçue de ne pas pouvoir y intégrer l’allaitement, je préfère l’appellation « santé génésique » à son synonyme « santé reproductrice », car elle signifie littéralement « santé de la naissance ». Dorénavant, je contribuerais à son rayonnement dans la francophonie à chaque occasion.

Ce texte est libre de droits, mais son autrice et le site de référence (www.RaphaPetitjean.com) doivent être cités.

v

J'ai écrit ce texte parce que...

J’aime utiliser le français pour la richesse de son vocabulaire précis et nuancé. Je suis toujours curieuse d’apprendre de nouveaux mots et d’en comprendre pleinement le sens.

Photo du catamaran Chantemer

Le Chantemer ne chantera plus

L’œil d’Irma passe sur Saint-Martin. Un mur de pluie. Des vents soutenus à trois-cents kilomètres par heure et des rafales tellement fortes qu’elles n’ont pu être mesurées. Dans un sens, puis dans la direction opposée…

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Malgré son caractère très administratif, le rapport annuel est un document aux multiples facettes qui mérite toute votre attention.

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L’allaitement dans le cadre de la santé génésique

C’est à travers une émission de télévision que j’entends parler de « santé génésique » pour la première fois. Cette appellation me séduit immédiatement par son caractère global. Que signifie-t-elle exactement?

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